Rodogune de Corneille

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Spectacle coproduit par la Scène nationale d’Alençon

avec le soutien financier de la DRAC

et du Conseil régional de Basse-Normandie,

de l’ODIA-Normandie

et du Conseil général de l’Orne.

mise en scène Jean-Claude Seguin

scénographie Gustavo Kortsarz

costumes Philippe Varache

lumières Hervé Bontemps

percussions Jean-Bernard Ekam-Dick

avec

Véronique AffholderLaonice

Jean-Bernard Ekam-DickOronte et Timagène

Matthieu FayetteAntiochus

Marie GrudzinskiCléopâtre

Laetitia GuédonRodogune

Malo de La TullayeSéleucus

Cher Monsieur, merci pour ce moment exceptionnel dont j’ai apprécié la mise en scène inventive, originale et si fidèle à l’esprit de Corneille, la très belle interprétation en particulier de ces superbes rôles de Cléopâtre et de Rodogune. Bravo et encore merci. Corneille doit être bien content de vous.

Évelyne POIREL, conservateur honoraire du musée Pierre Corneille de Petit-Couronne, Vice-présidente du Mouvement Corneille.

Il faut redécouvrir Rodogune, la pièce préférée de Corneille : une tragédie flamboyante où, dans le somptueux langage de l’alexandrin, s’exprime un auteur résolument contemporain.

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Duel au féminin

Sous le signe de Mars, deux femmes s’affrontent dans une lutte à mort : Cléopâtre, reine de Syrie, et Rodogune, princesse des Parthes. Écartelés entre les amazones, deux frères jumeaux, Antiochus et Séleucus, nés quant à eux sous le signe de Vénus, refusent de prendre parti. L’action, qui se situe au Proche-Orient, entre l’Iran, l’Irak et la Syrie, nous renvoie, bien sûr, à de récents conflits planétaires. À l’heure où partout la lutte pour le pouvoir semble se suffire à elle-même, et où le mensonge d’État s’érige en tactique de communication, Rodogunenous tend un étrange miroir.

Pierre Corneille au bout du fil

« Je n’ai jamais osé déclarer toute la tendresse que j’ai toujours eue pour Rodogune. Certainement on peut dire que mes autres pièces ont peu d’avantages qui ne se rencontrent en celle-ci : elle a tout ensemble la beauté du sujet, la nouveauté des fictions, la force des vers, la facilité de l’expression, la solidité du raisonnement, la chaleur des passions, les ten-dresses de l’amour et de l’amitié et cet heureux assemblage est ménagé de sorte qu’elle s’élève d’acte en acte. Le second passe le premier, le troisième est au-dessus du second, et le dernier l’emporte sur tous les autres. »

Une pièce à succès…

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Enfant chéri de Corneille, Rodogune est d’abord une magnifique pièce à suspense, quasi policière : qui boira à la coupe empoisonnée? Qui mourra? Qui survivra ? En 1644, l’auteur du Cid connut avec Rodogune son dernier succès public — et, au long du siècle suivant, elle demeurera la plus jouée de toutes ses tragédies. L’une des plus shakespeariennes, aussi : on y trouve un mélange des tons qui, aujourd’hui, nous ravit.

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Un auteur en quête de liberté

Dans Rodogune, enfin, on voit un Corneille qui, par tous les moyens, essaie de contourner le carcan des règles classiques ; un auteur en quête de liberté, qui cherche à inventer une forme nouvelle. « Cette tragédie, dit-il, me semble être un peu plus à moi que celles qui l’ont précédée, à cause des incidents surprenants qui sont purement de mon invention, et n’avaient jamais été vus au théâtre. » Bien plus encore que Racine, peut-être, Corneille nous semble « en prise directe » avec notre époque.

Quelle mise en scène ?

Médée, Œdipe, les Atrides : les grands mythes sont ici comme rassemblés. Aussi est-ce dans l’univers syncrétique de l’heroic fantasy, où s’incarne l’imaginaire de notre temps, que nous avons transporté le cadre sulfureux et fantastique de Rodogune.

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Au cœur d’une aire de jeu délimitée par un tapis de jonc de mer en ellipse que les éclairages mueront tour à tour en natte du conteur, en désert ou en intérieur du palais, un trône baroque, fait de crânes et d’ossements, s’érigera comme l’enjeu totémique de ce conte barbare.

Tout en respectant le langage de l’alexandrin, dont aucun pied ne sera tronçonné (il marchera, dansera et bondira sur ses douze pattes aux ressources merveilleuses), nous l’apprivoiserons, le parlerons, l’assimilerons pour lui redonner vie dans le chant de  nos muscles, de nos nerfs et de nos artères.

Bien loin de gommer les différences de ton, de la comédie à la tragédie, ou de les englober dans une vision unifiante, nous les mettrons en relief pour retrouver le gisement baroque où, selon nous, s’enracine ce drame shakespearien.

Tout en respectant le langage de l’alexandrin, dont aucun pied ne sera tronçonné (il marchera, dansera et bondira sur ses douze pattes aux res-sources merveilleuses), nous l’apprivoiserons, le parlerons, l’assimilerons pour lui redonner vie dans le chant de  nos muscles, de nos nerfs et de nos artères.

Bien loin de gommer les différences de ton, de la comédie à la tragédie, ou de les englober dans une vision unifiante, nous les mettrons en relief pour retrouver le gisement baroque où, selon nous, s’enracine ce drame shakespearien.

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Les costumes, indéfinissables, oniriques, évoqueront à la fois le Moyen-Orient, l’Antiquité byzantine, le monde des insectes et l’univers de la science-fiction.

La musique, enfin, ponctuera la représentation. En lisière de l’aire de jeu, elle sera jouée par le comédien qui joue le rôle de Timagène — confident, musicien et conteur. À base de percussions, elle exprimera dans un langage contemporain une sauvagerie primitive

PRESSE FESTIVAL D’AVIGNON 2005

Coup de cœur de Jean-Marc Stricker sur France-Inter, Rodogune a rencontré un accueil unanime auprès de la presse du festival.

Plus des trois quarts des spectacles du In ne relevaient pas du théâtreLe public aurait préféré voir dans le « In » RodoguneFin de partie ou Les règles du savoir-vivre brillamment mises en scène dans le Off : Rodogune par Jean-Claude Seguin, Fin de partie par Alain Timar, Les règles du savoir-vivre par le Théâtre du cri, mise en scène Sophie Lannefranque.

( Médium, directeur Régis Debray, juillet 2005)

SOUS LE SOLEIL DE VILAR

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Jean-Claude Seguin prend à bras-le-corps la pièce préférée de l’auteur du Cid, en exacerbe toute la violence aveugle. Les interprètes jouent cette danse de vie et de mort avec brutalité, les alexandrins sonnent juste et clair sans jamais ronronner. Du théâtre coup de poing aux vertiges maternels assassins et glaçants. Rien à voir avec un petit classique Larousse.

(Semaine des spectacles Provence-Côte d’Azur)

CORNEILLE SERVI SUR UN PLATEAU

La violence de la pièce est soulignée par l’habile travail opéré sur le corps des acteurs et le rythme du texte.

Rodogune n’est que rarement représentée. La mise en scène de Jean-Claude Seguin est donc une occasion rare, et qu’il ne faut pas manquer. Sur la scène, le trône. Agrippée au trône, la reine (Marie Grudzinski). Monstrueuse et fascinante, elle est la véritable héroïne de la pièce et la digne héritière de Médée. Des percussions accompagnent et façonnent les vers, en accentuent l’impétuosité, en martèlent la césure. On admire l’unité du jeu, l’énergie et la tension des acteurs. Lætitia Guédon campe une Rodogune ambiguë, particulièrement remarquable dans le monologue vengeur de l’acte III. Véronique Affholder donne vie au difficile récit d’exposition de Laonice. Les deux frères, Matthieu Fayette et Malo de La Tullaye, jouent tout en subtilité ce qui les rapproche ou ce qui les sépare. Modeste Nzapassara, dans les rôles d’Oronte et de Timagène, fait résonner les percussions avec sensibilité et attention. Le travail des comédiens et du met-teur en scène est ici au service du texte. Rien n’est laissé au hasard. Voilà qui devrait contenter aussi bien le novice avide de découvrir une grande tragédie que l’amateur averti de Corneille.

(L’Humanité, Marine Roussillon, mardi 26 juillet 2005)

Le festival Off reste l’occasion unique de redécouvrir nos grands classiques avec un œil neuf, lavé de nos préjugés de lycéens !

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Belle initiative de la part du théâtre du Loup blanc, venu de Normandie, que de réserver une place de choix à cette tragédie. Corneille écrit une œuvre inclassable, d’une violence inouïe, balaie les tabous ancestraux. Il ménage un suspense haletant jusqu’à la scène finale (incroyable!) qui, à elle seule, justifie le qualificatif de chef-d’œuvre. On oublie volontiers les notions d’honneur cornélien rabâchées pendant notre scolarité. Cléopâtre  se cramponne à son trône comme une noyée à sa bouée de sauvetage. Elle ment, triche, ruse, menace et assassine. Jean-Claude Seguin en fait une sorte de mère maquerelle (magnifiques costumes de Philippe Varache où le cuir se marie aux lourds cotons en lambeaux), doublée d’une autorité royale. Face à elle la « douce » Rodogune affiche une même cruauté : l’affrontement des deux femmes devient un duel sans merci, terrible comme un combat de taureaux. La mise en scène exploite à fond cette sauvagerie primitive. On suit avec passion cette maléfique descente aux enfers, ponctuée d’inattendus traits d’humourTous les comédiens entrent avec une passion frénétique dans ce thriller classique où la beauté des alexandrins claque avec force sans jamais ronfler. Dans le contexte actuel, Rodogune et Corneille nous tendent un magnifique miroir brisé.

(La Marseillaise, Jean-Louis Châles, mardi 12 juillet 2005)

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Avec le Théâtre du Loup blanc, cette tragédie de Corneille n’est pas un péplum, c’est une pièce africaine, orientale, une BD gothique. Les personnages ne sont pas de marbre, ni de porcelaine, mais de chair et de sang. Rodogune et Cléopâtre n’ont rien de femmes éthérées, elles sont charnues, pulpeuses. Marie Grudzinski fait de Cléopâtre un personnage en marge. C’est un monstre, une ogresse barbare, qui se démarque des autres, du monde, par une diction qui gomme l’effet des alexandrins. C’est elle qui fait la règle, le corset craque, elle s’en défait, tous les autres le gardent et s’en protègent. Corneille est vivant !

(Vaucluse-Hebdo, Alain Pécoult, 23-24 juillet)

UN BIJOU BAROQUE AUX CISELURES BARBARES

(La Marseillaise, Alice Hygoulin, lundi 25 juillet 2005)

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La compagnie du Loup blanc a voulu — et c’est un travail magnifique — ressusciter ce texte pour qui Corneille « a toujours eu de la tendresse ». La passion de régner parle là toute pure. Le trône-totem orné de crânes, qui pointe des cornes menaçantes, en est le symbole et l’instrument. Plus audacieux que Racine, Corneille montre une mère criminelle par ambition. À la cynique Cléopâtre (une Marie Grudzinski monstrueuse et passionnée) fait contrepoids la tendresse fraternelle (Matthieu Fayette et Malo de La Tullaye, jumeaux complices, rivaux et fougueux). Rodogune (Laetitia Guédon, belle amazone) est la pierre d’achoppement de l’amour fraternel, Véronique Affholder, Laonice, une confidente pleine de finesse. Modeste Nzapassara, confident, musicien et conteur, apporte le climat d’un poétique Orient. Dans des costumes intemporels, une mise en scène bien articulée, les comédiens ont triomphé du ronronnement des alexandrins. Ils ont respecté son souffle grégorien, l’apprivoisant sans le trahir. Leur jeu, noblesse cornélienne et naturel contemporain, explose jusqu’aux extrêmes, sauvage, sans retenue, donnant au texte la dimension « surprenante » qu’a voulu l’auteur. Classique sans ride, sensibilité proche de notre temps, Rodogune est une face trop longtemps négligée du théâtre vivant.

UNE « RODOGUNE  » RÉSOLUMENT CONTEMPORAINE

Le spectacle restitue tout à fait le climat de ce drame, où humour noir, cynisme, pas-sion, amitié, soif du pouvoir sont exacerbés. La mise en scène originale : trône baroque constitué de crânes et d’ossements, costumes oniriques, transporte le spectateur dans des lieux et époques  différents. Le spectateur, tenu  en haleine, est au cœur de la lutte sans merci que se livrent Cléopâtre et Rodogune. Une pièce intemporelle, enlevée, qui interpelle le spectateur !

(le Dauphiné-Vaucluse, Mireille Picard, samedi 16 juillet 2005)

 FESTIVAL OFF : LES SPECTACLES QUE NOUS AVONS AIMÉS

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La mise en scène de Jean-Claude Seguin laisse toute la place à un texte riche et dense, et contribue à montrer la modernité de Rodogune. Les acteurs se jouent des alexandrins pour mieux nous faire entendre leur musique sans jamais tomber dans la prouesse technique. Un vrai bonheur et un merveilleux moyen de faire découvrir Corneille aux jeunes spectateurs.

(Atelier-Théâtre n° 19, été 2005, Élisabeth Gentet-Ravasco)